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12 déc. 2013

"Nothing tastes as good as being fit feels" & autres "bullshit"

 ! Disclaimer : article écrit pendant et après une ingestion massive de tartiflette ! 

"Je suis une fille sportive"
Si on m'avait dit ça il y a quelques années, j'aurais bien rigolé. Parce qu'avant il y a 4 ans, le sport je n'aimais pas ça DU TOUT. Pourtant j'en ai fait, jusqu'à l'adolescence, tous les mercredis : parce qu'on m'y obligeait (Ô mes infâmes parents qui me forcaient à faire de l'exercice physique !) et j'ai arrêté dès que j'ai eu mon mot à dire. 

Jusqu'à ce que j'ai eu grave, grave besoin de me défouler : 10 000 problèmes me sont tombés sur la gueule en même temps et j'ai eu beaucoup de stress / colère / tension à évacuer. Et j'ai commencé à faire du sport. Je suis allée courir, j'ai fait de la boxe et de l'escalade. Les 3 meilleurs sports de "déchaîne la fureur de ta rage en furie et tiens voilà plein d'endorphines pour bien dormir" , selon moi. Tout ça a été tellement libérateur que je n'ai jamais arrêté, sauf la boxe, parce que je me suis un petit peu calmée et que je ne peux pas tout faire.  Voilà pour le background.
Donc, je suis une fille sportive. Je fais de l'escalade, je vais courir, je fais des randos, du ski, et je me déplace surtout à vélo.
Et comme j'aime le sport, j'ai commencé à suivre pas mal de blogs sur le sujet. Parce que je trouve ça cool les nanas qui font du sport, parce que ça montre qu'on est pas des ptites choses fragiles, qu'on a de la force, qu'on peut déboîter la mâchoire à un type quatre fois plus grand si on en a envie. Mais voilà, ces derniers temps, y'a un truc qui me dérange beaucoup.

Source : Pinterest


Le sport, c'est bien pour être en forme. C'est bien pour être sexy. Etre musclée, c'est beau. Si tu fais du sport, tu n'as pas besoin de faire de régimes, tu peux manger ce que tu veux et rester mince et ferme. Si tu fais du sport, tu n'as plus de cellulite. Si tu fais du sport, tu vas améliorer ta circulation sanguine et affiner tes jambes. Si tu fais du sport, tu transpires et tu élimines des toxines. Si tu fais du sport, tu auras une plus jolie peau. Et j'en passe.
On en revient toujours là. Être jolie, mince, galbée, ferme, avec une peau douce, lisse, des muscles dessinés (mais pas trop non plus) . Faire du sport pour être bonne, désirable. 
Et là, je me prends une grande claque dans la tronche tellement ce genre de discours, ça me soûle.

Le sport, c'est bon pour la santé. Pour le coeur. Ça oxygène les cellules. Ca te défoules. Ca te donnes confiance en toi. Ca permet de te muscler et de protéger tes articulations quand tu te blesses. C'est antidépresseur. Il y a des centaines d'avantages à faire du sport alors POURQUOI quand on parle de sport au féminin, on en revient toujours à "sois bonne" ?

Si je fais du sport, ce n'est pas pour être une bombe en bikini. Oui, clairement, ton corps change quand tu fais du sport. Et je ne vais pas mentir, je préfère mon corps maintenant, avec plus de muscles. Mais si le sport ne me changeait rien physiquement, j'en ferais quand même. Parce que si je fais du sport, c'est pour être FORTE. Parce que j'aime pas souffler comme un phoque quand je dois porter un sac de courses ou un carton. Parce que je fais de l'esclade, et que pour passer des voies encore trop difficiles pour moi, je dois m'entraîner, gagner en muscles, en technique, en souplesse, en endurance. Parce que je n'ai pas peur de me faire emmerder, parce que si besoin, je sais que je peux faire mal, je sais que je peux me défendre physiquement. Pour me défouler, pour être bien dans ma tête. Parce que j'aime le challenge, j'aime me dépasser.  Pour être bien, tout simplement.
Mais je sais aussi me reposer. Je ne fais pas de sport tous les jours, parce que c'est le meilleur moyen de se blesser, et donc de devoir arrêter complètement pour une durée beaucoup plus longue. Je ne fais pas le même sport deux jours d'affilée, pour ne pas traumatiser mes muscles. Si j'ai eu une journée avec beaucoup de sport, le lendemain je me repose. Je fais du sport pour être bien, pas pour me faire mal !

Alors, quand je vois des images de ce genre traîner, ça me fout vraiment la rage :



On voit quoi ? Des nanas à moitié à poil, super bien foutues (histoire de bien nous complexer) et des phrases censées te motiver, mais qui ne font que te culpabiliser. Te faire sentir inefficace. "Tu devrais avoir honte de ne pas faire d'exercice. Tu devrais avoir honte de ne pas être musclée. Tu devrais avoir honte de préferer rester tranquillement sur ton canapé. Tu devrais avoir honte de ton corps, tout simplement, parce qu'il ne correspond pas au nouveau standard de beauté : un corps musclé." 
Et hop là, une bonne dose de culpabilité dans ta tronche. Merci, mais nous les femmes, on a déjà notre dose.

Et là ou ça devient grave, c'est que ces images, elles me font très, très fortement penser aux images de motivation des "pro-ana" et "pro-anorexiques" qui ont été super récriées il y a quelques années, quand elle faisaient un tabac sur la toile. (D'ailleurs, le problème n'est pas réglé on en entend juste moins parler) . 
Et en fait, ces images, ce sont les même. Le message est à peine différent. A la place de "sois maigre à tout prix" c'est "sois athlétique à tout prix". Mais tout ça, ça veux dire la même chose : " Modèles ton corps selon les standards de beauté actuels" et pas " Sois comme tu es ", "Aimes-toi comme tu es " . 
En gros, on a transféré une obsession "mal vue" ( la maigreur, c'est synonyme de mauvaise santé, de maladie, de malnutrition...) vers une autre obsession mieux vue : un corps athlétique. Synonyme de santé, d'alimentation équilibrée... 







Alors oui, prôner un corps d'apparence saine , c'est mieux que de prôner un corps décharné. Sauf qu'il reste plusieurs GROS problèmes :

1. Une obsession reste une obsession. Et pour moi, être obsédée par son corps au point de vouloir le modeler pour qu'il soit parfait, même par le sport, ce n'est pas "sain".

2. Un corps d'apparence musclée ne veux pas dire un corps sain . Trop d'exercice physique, et surtout d'exercices de musculation, ce n'est pas bon pour le corps.

3. On en revient toujours au culte de la "beauté" , qu'un corps de femme doit être toujours parfait  sinon il n'est pas désirable, il n'est pas montrable, et pire, il est synonyme de mauvaise santé (Toi, grosse vache qui fait du 42, si tu as des "kilos en trop", c'est que tu ne fais pas de sport, donc que tu négliges ta santé, bouuuuh !)
Sauf qu'un corps de femme, ce n'est pas parfait. Il y a des vergetures, de la cellulite, des boutons, des cicatrices, des bleus, des varices, des poils. Certes, dit comme ça, c'est pas glamour. Mais c'est la vie et c'est ce qu'ont 99% des femmes sur terre. 
Et puis c'est con comme phrase mais c'est tellement vrai : les défauts, c'est ce qui rend les gens vraiment beaux. Interessants. Uniques. Moi, avoir un mec avec un corps de bodybuildé huilé, ça ne m'intéresse pas, il n'y pas de vie là-dedans, pas d'histoire, pas de vécu, pas de "vrai". C'est chiant. Quand il y a des défauts, des cicatrices, des bosses, du gras, c'est là que ça devient touchant ET attirant : parce que ce n'est le corps de personne d'autre. Il est unique, je ne l'ai pas vu 125 fois dans un magazine. 
Alors oui après on peux avoir des préférences, préférer les bruns, les petits, les barbus, les maigres, les gros, les yeux bleus, les cheveux longs... Et heureusement, parce que sinon je coucherais avec n'importe qui d'un peu sympa (et comme j'ai tendance à trouver tout le monde sympa au premier abord, je ne dormirais plus la nuit) ; Oui, on peut vouloir se sentir plus attirantes en se maquillant, en s'épilant et tutti quanti. Pas de problème, si c'est ce qui nous fait plaisir, et pas parce qu'on se sent obligées de le faire, par rapport au regard des autres.
Ce qui m'emmerde,  c'est que le "corps parfait", le "corps de rêve" tel qu'on se le représente, il n'existe pas sans contraintes, sans efforts, sans travail, sans douleur. Un corps lisse, musclé, épilé, sans aucune imperfection, ça n'existe pas comme ça dans la nature. Donc le standard de beauté actuel est, de base, difficile à atteindre. Qu'on veuille correspondre à ce standard, ma foi, vous faites ce que vous voulez ; mais en faire l'apologie et encourager les autres à y ressembler, là, ça me dérange beaucoup. 
Quand vous parlez de sport, ne me parlez pas de cuisses galbées et de calories brûlées ; parlez moi de challenge, de dépassement de soi, d'accomplissement personnel, de force. Là, ça me parle. Là, ça me motive.
( et si le sujet vous intéresse je vous renvoie vers cet excellent article de Maïa Mazaurette que le kiffe, et qui parle de beauté VS badassitude, et ça claque )


4.  Et donc on se plante complètement en parlant de sport. On ne parle pas de sport, là : on parle de culture physique.

Alors quand vous écrivez des articles qui font l'apologie du sport, je veux bien ;  mais ne confondez pas tout. Quand vous me dites que je dois faire du sport parce que je vais être tellement contente dans mon micro string de bain sur la plage ; quand je lis des choses comme "ne t'arrêtes pas tant que la douleur est supportable... Et quand elle ne l'est plus, continue" ; je me dis que vous oubliez que le sport, ce n'est pas pour se faire du mal. Pas pour se blesser. Pas pour se culpabiliser. Ce n'est pas de sport dont vous me parlez, mais de culture physique : 
Le sport c'est un loisir, quelque chose qui fait du bien, qui fait plaisir, où on s'amuse, où on se déstresse. Ça peut être plus que ça, ça peut être sa vie, sa passion, son métier, mais ça reste basé sur d'autres choses que "avoir un corps musclé" : c'est pour se dépasser, gagner, battre un record...
La culture physique, c'est faire de l'exercice dans le but de modeler son corps. Le but n'est pas le plaisir,  le but est d'avoir un beau corps.
Vous ne prônez pas un corps sain, vous prônez un corps modelé, discipliné, sculpté. Si c'est votre truc, tant mieux,  mais soyez honnêtes avec vous-même et ceux / celles qui vous lisent, réfléchissez deux secondes au message que vous faites passer quand vous vantez les mérites du sport et de l'exercice physique, parce que dire des choses comme " Ne t'arrêtes pas tant que la douleur est supportable " je trouve ça très, très grave. Ce n'est pas inciter à être en bonne santé, ce n'est pas inciter à faire de l'exercice pour être bien, c'est juste dangereux.

Sérieux, "Il faut souffrir pour être belle ? " On en est encore là ? 
Et comme j'étais vraiment véner, j'ai fait ma propre image de motivation : 


Et si vous avez envie de faire du sport, voilà quelques vidéos de motivation qui motivent, selon moi, pour les bonnes raisons : pour se faire du bien, s'aérer, s'amuser. Et qui rappellent que le plus important : prendre soin de son corps et faire attention à soi. 







 


5 commentaires:

  1. J'adore ton article ! Tellement vrai ! Pour la peine, je le partage.
    Justement, ce soir, j'ai un cours de fitboxing auquel j'hésite à aller car je suis vraiment fatiguée de ma semaine (d'autant plus que je fais 2 séances de danse par semaine, de l'afro et de la salsa). Je me dis "ce n'est pas bien, il faut aller à ton cours" mais en même temps, si je me blesse, je m'en voudrais ! C'est que je n'ai pas écouté mon corps, fatigué, usé. Faut-il savoir dire stop pour le bien de son corps ? Je pense, oui.

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    1. merci ^^ Et clairement, des fois il faut savoir dire stop et se reposer. Parce que déjà, si t'es crevée, pendant ta séance de sport tu vas pas arriver à grand-chose, être frustrée et merci le moral. Après faut savoir quand il faut se bouger les fesses et y aller malgré la flemme, et quand tu n'as pas envie parce que ton corps en a déja trop fait... Perso quand j'ai la flemmem ais que ça fait plusieurs jours que je n'ai pas fait de sport, je me motive et une fois que j'y suis, je retrouve toute mon énergie et jesuis super contente d'y être. Par contre si j'ai pas le courage et que les jours d'avant j'ai envoyé, je me repose. Et la séance d'après, je bats mes records :-) Tout est question d'équilibre au final, comme pour tout !

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    2. En effet, j'ai séché ma séance de cardio et j'ai eu bien raison : dès que je suis rentrée chez moi, j'ai fait une bonne sieste d'une heure (le travail et la route que je fais pour m'y rendre avaient eu raison de mon énergie).
      Heureusement, j'ai rattrapé le coup le lendemain avec mon cours de danse :)

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  2. Tout à fait d'accord avec toi. Je te laisse maintenant imaginer "comment c'est pire" quand t'es une fille qui fait de la pole-dance, et que t'es pas mal gaulée... Tout le monde s'imagine que c'est pour exciter la galerie, alors qu'il s'agit purement d'un sport ! Et que le corps bien gaullé, c'est la conséquence visible du sport. Pas le but premier.
    C'est exaspérant, à la longue.

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  3. J'ai plongé dans un programme Freeletics l'hiver dernier (après deux grossesses sans reprise du sport). Résultat : fatigue extrême, petite blessure à l'aine, très peu d'estime de moi-même parce qu'il fallait en faire toujours plus pour resculpter mon corps. Et j'oubliais, abandon après une gastro et bonne dépression de derrière les fagots...

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